Avant les bretons ... l'Armorique

Chapitre réalisé d'après "Histoire de la Bretagne" d'André Chédeville © 1997 Editions Ouest-France


Des groupes humains parcouraient la Bretagne il y a environ 700.000 ans.
(Plouhinec - Finistère daté de -400.000 ans environ)
Pourtant les plus anciennes sépultures découvertes (Îlot de Téviec - Morbihan) n'ont guère que 10.000 ans.
Les hommes utilisent des pierres taillées déjà élaborées : c'est le Paléolithique
Puis vers 5000 av. J.C les hommes se fixent, élèvent du bétail et cultivent la terre.
Ils utilisent des pierres polies : c'est le Néolithique. Le commerce apparaît en même temps que les guerres.
Il faut noter qu'à cette époque on se situe 2.000 ans avant les pyramides d'Égypte.
Le Cairn de Barnenez, qui domine la baie de Morlaix, est l'un des plus anciens
et des plus remarquables monuments mégalithiques de la région.
Ces édifices sont d'abord des sépultures collectives de chefs.
Plus tard, ils seront destinés à servir de sépultures à tout un groupe.
A la fin du néolithique, on commence à ériger des menhirs, soit en cercle (Cromlechs)
soit en alignements plus ou moins complexes
(ceux de Carnac semblent répondre à des préoccupations astronomiques).
On commence aussi à utiliser le bronze dans la fabrication de haches,
de la plus simple à la plus sophistiquée, qui seront d'ailleurs exportées dans d'autres régions.

Vers 500 avant J.C L'Armorique est occupée par des peuplades celtiques
venues de l'Europe centrale, qui connaissent l'usage du fer et aussi du cheval.
L'Armorique est alors partagée entre 5 ou 6 peuples,
dont le plus connu est celui des Vénètes, qui occupe le sud-ouest de la région.
Ils s'enrichissent par le commerce et frappent des monnaies d'or, témoignage de l'art celtique.

Après la défaite de Vercingétorix, en 52 avant J.C,
L'Armorique, comme la Gaule, passe sous domination romaine.
Tout est calqué sur Rome, malgré la grande autonomie laissée aux peuples gaulois.
Les temples toutefois restent de structure celtique.
Le réseau routier se développera très fortement à cette époque, et subsistera jusqu'au XVIII° siècle.
La "romanisation" est surtout sensible dans les villes, alors que les campagnes prospèrent.

Au troisième siècle, des menaces d'invasions et des troubles intérieurs dégradent cette prospérité.
Nantes, Vannes et Rennes s'entourent de murailles qui vont subsister jusqu'à la fin du moyen âge.
Jusqu'à la fin du V° siècle, L'Armorique échappe en quelque sorte
à l'autorité romaine, chancelante, il est vrai.

Le christianisme arrive dans l'est, et les bretons, chrétiens eux aussi, débarquent à l'ouest.
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Les premiers bretons
Vers 500 à 750 après J.C

Chapitre réalisé d'après "Histoire de la Bretagne" d'André Chédeville © 1997 Editions Ouest-France


A cette époque on commence à parler de Bretagne, pour la partie ouest de L'Armorique.
Elle a été peuplée progressivement par des immigrants venus du sud-ouest de la Grande-Bretagne.
On a cru très longtemps qu'ils avaient fui les Saxons
et les Angles qui progressaient dans le bassin de Londres,
mais en fait, ce sont les Scots d'Irlande, celtes comme eux, qui les ont poussés devant eux.
Contrairement aux autres peuples qui envahissent la Gaule à cette époque,
ces Celtes ne sont pas des barbares.
Ils ont facilement fusionné avec la population locale, d'autant que le breton est très proche du Gaulois.
Ils se sont installés d'abord sur la côte nord (la Domnonée) et la côte sud de la Cornouaille,
puis ont essaimé vers l'intérieur. Ils avaient de bons rapports avec les Francs de Clovis.
Ces premiers bretons ont laissé une toponymie originale.
Les noms de lieux sont construits majoritairement avec le nom d'un saint local.
Les plus anciens sont les noms en plou-. Il y en a moins de deux cents, mais ils se sont appliqués aux premières paroisses,qui sont aujourd'hui des communes.
Les paroisses bretonnes conservèrent au cours des siècles
une grande influence et une très forte individualité.
Dans le Léon, les noms en gui- désignent le seul centre de la paroisse.
Les noms en lan- concernent les établissements religieux de toute taille
Les noms en tré- s'appliquent à des établissements de caractère civil, fermes ou villages.
L'expansion bretonne n'a pas dépassé une ligne Savenay - Mont Saint Michel :
A l'intérieur de cette ligne les noms en ac- peuvent attester
que la bretonisation ne fut que progressive et incomplète.
Les diocèses de Rennes, de Nantes, et une partie de celui de Vannes pensent comme le reste de la Gaule.
La Christianisation s'y fait à partir du chef-lieu du diocèse, protégé par une muraille et où réside l'évêque.
La vallée de la Loire est très active grâce au trafic du sel, et à cette époque (570)
Nantes frappe des monnaies d'or que l'on retrouve même le long des côtes de la manche. On retrouve aussi des sarcophages du Nivernais ou d'Aquitaine, témoins des relations commerciales de l'époque.
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Le Royaume breton
Vers 750 à 939 après J.C.

Chapitre réalisé d'après "Histoire de la Bretagne" d'André Chédeville © 1997 Editions Ouest-France


Les Carolingiens au pouvoir tentent de soumettre la Bretagne.
Ils la "cernent" avec les comtés de Rennes, Nantes et Vannes,
dont le titulaire le plus célèbre est Roland, mort à Roncevaux en 778.
Charlemagne puis Louis le Pieux n'y réussiront pas;
Louis le Pieux, en 831, nomme un Breton, Nominoé,
comme comte de Vannes, avec des pouvoirs très étendus.
Nominoé mène une politique de conciliation et d'assimilation
comme en témoigne la fondation de l'abbaye de Redon, trait d'union entre le monde franc et breton.
Mais le fils de Louis le Pieux, Charles le Chauve, revient à une politique de conquête.
Il est battu en 845 près de Redon, dans les marais de Ballon.
En 851, Nominoé prend Nantes et Rennes, et meurt sans avoir été roi.
Son fils Erispoé lui succède et remporte une brillante victoire sur la Vilaine, à Beslé-Jengland en 851.
Charles le Chauve est obligé d'accepter le traité d'Angers,
qui est à la fois l'acte de naissance de la Bretagne actuelle
et la reconnaissance de son statut de royaume.

Il est assassiné par son cousin Salomon en 857. Son règne (857 - 874) marque l'apogée de la Bretagne.
Charles le Chauve lui octroie le titre de roi, avec en prime une partie du Maine,
le Cotentin et l'Avranchin.
Salomon est à son tour assassiné en 874 et une période de grande instabilité s'installe,
à peine interrompue par le règne d'Alain Le Grand, dernier roi de Bretagne.
A partir de ce moment, les raids incessants que lançaient les Normands (pillage de Nantes en 843)
deviennent véritablement une entreprise de conquête.
Les notables laïques et ecclésiastiques s'enfuient en emportant les reliques des saints .
Puis les Normands sont battus et refoulés hors de Bretagne.
Alain Barbetorte reprend Nantes en 937, et pourtant n'obtient que le titre ducal.

Le témoin de la vie de cette époque est un document exceptionnel,
le Cartulaire de Redon, recueil d'actes en latin,
qui fournit des renseignements sur l'abbaye et sur le Vannetais.
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L'époque féodale
939 à 1341 après J.C.

Chapitre réalisé d'après "Histoire de la Bretagne" d'André Chédeville © 1997 Editions Ouest-France


A partir de l'an 1000, comme toute "l'Europe", la Bretagne connaît une longue période de lente expansion. Le pouvoir du duc de Bretagne, établi par Alain Barbetorte, s'étiole dans le courant du XI° siècle.

Pendant le XII° siècle, l'aristocratie commence à s'opposer au duc,
et les Plantagenêts anglo-normands deviennent une menace puis une tutelle.

Au XIII° siècle les Capétiens ont une influence grandissante.
Pourtant Pierre Mauclerc (1213 - 1237) tente de leur résister.

La féodalité atteint son apogée entre 1050 et 1150. Les châteaux apparaissent au début du XI° siècle.
Les plus importants, pas plus d'une centaine, sont aux mains de seigneurs,
qui ont reçu du duc, l'autorité publique.
Ils ont le droit de commander (faire la guerre) de juger et d'exiger (lever des impôts).
C'est ce qu'on appelle le droit de ban.
Ils ont sous leurs ordres des chevaliers qui disposent de seigneuries foncières,
souvent peu étendues, et dépourvues du droit de ban.
Ces deux groupes se fondent au XIII° siècle pour former la Noblesse.

La population, surtout rurale, s'accroît lentement. Les paysans cultivent les céréales.
Le bétail utilise les forêts, les landes et les friches.
La vigne est très abondante, surtout dans le Nantais, beaucoup plus qu'aujourd'hui.
Il n'y a a pratiquement pas de serfs; le prélèvement du seigneur semble moins important
que dans les autres régions. Mais les conditions de vie sont très difficiles.
Le commerce maritime se limite au cabotage, sauf pour le sel et le vin.
Des bourgs se créent, autour d'un prieuré monastique , près d'un pont,
au fond d'un estuaire, protégés par un château.
Les bourgeois qui les peuplent font de modestes affaires et ne s'enrichissent pas vraiment.
Ces bourgs constituent, à côté des sièges épiscopaux (Rennes et Nantes)
le berceau du réseau urbain actuel.

L'église sera organisée, jusqu'en 1790, en neuf évêchés :
Rennes, Nantes, Vannes, Quimper, Saint-Pol-de-Léon, Tréguier, Saint-Brieuc, Saint-Malo, et Dol.
Certains évêques sont des hommes de lettres, comme Etienne de Fougères,
Marbode et Saint Yves, mort en 1303, vénéré à Tréguier,
est le seul prêtre de paroisse canonisé au Moyen Âge.

A partir de la fin du XI° siècle, on commence à construire des églises en pierre, au moins partiellement.
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L'échec de l'indépendance
1341 à 1532.

Chapitre réalisé d'après "Histoire de la Bretagne" d'André Chédeville © 1997 Editions Ouest-France


La Bretagne n'échappe pas à la grave crise qui secoue l'Europe :
de 1341 à 1364, elle subit la terrible guerre de succession.
Jean de Montfort est aidé par les Anglais et l'emporte sur Charles de Blois aidé par le roi de France,
malgré les exploits de du Guesclain.
En réalité, pendant le long règne du duc Jean V (1399 - 1442)
la Bretagne profitera de sa politique de neutralité.
Globalement, les effets de la guerre de Cent Ans s'y font sentir moins qu'ailleurs,
sauf dans les zones frontalières.
La bourgeoisie s'enrichit, et fait assez original, la noblesse se livre aux opérations commerciales.

La relative prospérité permet l'émergence d'un "art breton", moins urbain que rural.
A Nantes, le château ducal est élevé et est à la fois un palais.
Dans les campagnes on construit manoirs et chapelles.
La vie intellectuelle devient active et les premiers auteurs en langue bretonne apparaissent,
ainsi qu'un première imprimerie à Pontivy en 1484.
Les ducs cherchent à affirmer leur souveraineté devant le roi de France
et calquent l'appareil gouvernemental sur celui du royaume de France.
Une armée est même mise sur pied au milieu du XV° siècle.
Des villes se fortifient, à leur charge, comme Dinan, Vannes ou Fougères.

C'est donc un véritable état breton.

Mais Louis XI, après la fin de la guerre de Cent Ans, considère le duc de Bretagne
comme un sujet rebelle qu'il faut ramener à la raison royale.
François II, duc de Bretagne en 1458, avait fixé sa cour à Nantes.
Il voulait défendre le duché mais devient vite impopulaire auprès de la haute noblesse
qui possède des biens et des affaires en France.
De plus, il n'a que des filles, et donc pas de succession.

En 1487, l'armée française échoue devant Nantes, mais réussira l'année suivante le 28 juillet 1488,
grâce à une victoire décisive à Saint-Aubin-du-Cormier.

François II meurt le mois suivant. Sa fille Anne n'a que 12 ans.
Après trois ans de résistance, elle doit se résoudre à épouser Charles VIII,
puis son successeur Louis XII, et meurt en 1514.

La fille d'Anne, Claude, mariée à François Ier, lui fait donation du duché de Bretagne.

En Août 1532, les états de Bretagne ne peuvent que demander l'union réelle
et perpétuelle avec la France, sous réserve du maintien des anciens privilèges.
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L'âge d'or des paroisses
1532 à 1675

Chapitre réalisé d'après "Histoire de la Bretagne" d'André Chédeville © 1997 Editions Ouest-France


La monarchie ne prête pas une très grande attention à la Bretagne après le rattachement au royaume.
Au moment des guerres, ce n'est pas une région stratégique.
Le conflit de la Ligue, entre 1589 et 1598, causera d'innombrables dégâts et ruines.
Les États de Bretagne et leur parlement crée en 1552, sont des relais dociles du pouvoir central.
En effet la noblesse locale peut y faire carrière en s'enrichissant facilement.

L'agriculture amène une prospérité incontestable fondée sur les céréales, avec en plus le sarrasin (blé noir).
L'élevage est important et fournit le beurre consommé en grande quantité ou exporté.
Le vignoble reflue vers la basse Loire, et les pommiers gagnent vers l'ouest avec la fabrication du cidre.

La métallurgie se distingue par son modernisme (Paimpont).
La fabrication des toiles de lin et de chanvre constitue l'activité essentielle
des villes portuaires comme des campagnes.
Son importance est primordiale. En effet, les paysans cultivent, préparent le fil puis le tissent;
les marchands le vendent et en retire prospérité;
les ports sont dynamisés par ce commerce d'exportation des toiles de lin
vers Cadix pour l'Amérique Espagnole,
des voiles de chanvre pour les marines hollandaise et anglaise.
Saint-Malo est le premier port français en 1680, devant Nantes, Morlaix, Douarnenez, ou Hennebont.

Les ports vivent aussi du commerce du sel de Bourgneuf et Guérande,
du vin de la basse Loire, et de la pêche, très active.
Elle est surtout côtière au sud, et se consacre au congre et au merlu, puis à la sardine au XVII°siècle.
Les ports du nord vont beaucoup plus loin, jusque dans les eaux de Terre Neuve chercher la morue.
Les voyages de Jacques Cartier, le malouin, de 1534 à 1542 vers le Canada n'ont pas de suite.

L'économie bretonne possède une grande diversité de ressources,
et profite donc aux notables de la paysannerie.
On voit se construire des édifices paroissiaux commandés par l'église qui est très puissante.
Il y a donc peu de châteaux Renaissance ou d'édifices civils (parlement de Rennes)
mais un multitude de réalisations dispersées.
Cet art paroissial est un art populaire.
Les campagnes sont parsemées de chapelles, de retables, de calvaires parfois monumentaux.
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La fin de l'ancien régime
1675 à 1789.

Chapitre réalisé d'après "Histoire de la Bretagne" d'André Chédeville © 1997 Editions Ouest-France


En 1675, le petit peuple de Rennes, et les paysans de la Cornouaille se révoltent.
Ceci préfigure le retournement de conjoncture économique.
En effet, les campagnes sont très affectées car l'industrie toilière
souffre des mesures protectionnistes de Colbert.
Ce n'est pas véritablement une crise mais plutôt une stagnation
par rapport aux autres provinces qui se développent.
La guerre avec l'Angleterre qui va durer jusqu'en 1815,
entraîne la fortification du littoral de Saint-Malo à Noirmoutier,
et la construction d'un réseau routier stratégique.
Le port militaire de Brest se développe rapidement, beaucoup plus vite que Lorient.
La Bretagne fournit alors le tiers des effectifs de la flotte de guerre
connue encore aujourd'hui sous le nom de "Royale".

Les exploits des corsaires (Duguay-Trouin) sont célèbres.
Les négociants bretons continuent leur négoce
et le XVIII° sera l'apogée du commerce atlantique breton. Nantes connaît un essor continu.
Le commerce triangulaire avec les îles est très fructueux, ainsi que le trafic d'esclaves.
Des fortunes colossales se constituent. La ville passe de 40.000 à 90.000 habitants.
Une certaine forme d'urbanisme voit le jour, même à Rennes, après le terrible incendie de 1720.

Le XVIII° sera aussi le siècle des intendants, qui gouverneront la province avec une volonté centralisatrice.
Au fur et à mesure que la monarchie s'affaiblit,
les États de Bretagne mettent sur pied une administration parallèle.

Les protagonistes du conflit sont, d'un côté le duc d'Angillon, comandant en chef de Bretagne,
et de l'autre le procureur général La Chalotais.
Les impôts sont prélevés au profit quasi exclusif de la noblesse,
d'où le mécontentement de la bourgeoisie,
en même temps que le nombre de pauvres augmente.

A la veille de 1789, les élites bretonnes ont déjà l'expérience des luttes politiques
et les députés bretons vont jouer un rôle important
dès l'ouverture des États Généraux à Versailles, en mai 1789.
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La Révolution et l'Empire
1789 à 1815.

Chapitre réalisé d'après "Histoire de la Bretagne" d'André Chédeville © 1997 Editions Ouest-France


"A juste titre on dit que la révolution a débuté en Bretagne".



Dès le 27 janvier 1789, la noblesse suscite une émeute
contre les étudiants en droit favorables aux idées de réforme.
La bourgeoisie urbaine contient le petit peuple des villes.
A la campagne, elle obtient la majorité des sièges aux États Généraux,
mais est obligée d'intervenir contre les émeutes anti-seigneuriales qui menacent ses domaines.
Les privilèges sont abolis à Versailles la nuit du 4 Août 1789.
En novembre 1789, les frontières de la Bretagne sont ramenées aux cinq départements.
Seulement cinq diocèses subsistent donc au lieu de neuf.
En janvier 1791, la promulgation de la constitution civile du clergé
entraînele passage de l'Église à la contre-révolution,
suivie par une bonne partie de la paysannerie.

La levée de 300.000 hommes en mars 1793, déclenche la grande révolte.
La zone au sud de la Loire participe à la guerre de Vendée.
Les contre-révolutionnaires échouent à Nantes en juin et à Savenay en décembre.
Une terrible répression s'en suit à Nantes et Carrier ordonne
les plus grands massacres de la Terreur (10.000 morts)
Au nord de la Loire, la Chouannerie prend souvent l'aspect d'une guérilla, très proche du brigandage.
L'interprétation en est très controversée : à la question religieuse, et à l'hostilité des levées militaires
il faut ajouter des causes plus profondes, plus anciennes, et plus persistantes
qui tiennent à la nature même des rapports, entre les nobles et les paysans,
et l'opposition plus ou moins larvée entre villes et campagnes.

Les zones favorables aux Blancs (royalistes) et aux Bleus (républicains)
sont encore décelables dans la carte électorale actuelle.
Un débarquement d'émigrés échoue à Quiberon en juin 1795.
La Chouannerie persistera jusqu'à ce que Bonaparte ramène l'ordre
par une politique vigoureuse basée sur une présence militaire forte
et sur des tolérances favorisées, il est vrai,
par les effets du Concordat conclu en 1801 avec la papauté.

L'Empire et ses préfets n'apporteront pas de renouveau économique. La situation est très mauvaise.
La reconstruction des campagnes est très lente et la population des villes baisse.
L'industrie des toiles et le commerce nantais sont ruinés par la guerre avec l'Angleterre :
L'escadre de Brest est bloquée dès 1802 et Surcouf est surtout dans l'océan indien.

Quand les revers militaires après 1808 exigent de nouvelles levées de soldats,
la population se détourne de cet Empire qu'elle avait accueilli avec grande réticence.
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De la monarchie à la république
1815 à 1914.

Chapitre réalisé d'après "Histoire de la Bretagne" d'André Chédeville © 1997 Editions Ouest-France


La Bretagne apparaît comme une région rurale dominée par la polyculture dans un bocage.
Son fort caractère traditionnel ressort de la multitude de costumes régionaux (plus d'une centaine)
Les progrès s'accélèrent après 1860. La superficie des landes diminue de moitié entre 1862 et 1913.
La culture de la pomme de terre se généralise. Le blé concurrence le seigle.
Bovins et porcs remplacent les moutons. Les primeurs s'octroient "la ceinture dorée" sur la côte.
L'encadrement de ce développement est assuré par les notables, dès la monarchie de juillet. Ils contrôlent les premiers syndicats agricoles et occupent les postes clés de la politique.

La natalité et la densité de population sont plus fortes que dans le reste de la France,
ce qui produit un phénomène d'émigration
surtout vers Paris et sa banlieue. (En 1911, 400.000 Bretons vivent hors de Bretagne)

L'arrivée du chemin de fer est un autre boulversement. C'est un élément de progrès et d'ouverture,
et surtout d'uniformisation et de centralisation.
Il arrive à Nantes en 1851, à Rennes en 1857, et à Brest en 1865.
Le développement sera tellement rapide et la concurrence tellement acharnée
que l'industrie traditionnelle bretonne n'y résistera pas.
Les forges ferment petit à petit, l'industrie de la toile est victime
des grandes manufactures du Nord, et le coton se généralise partout.

Une impression générale de pauvreté persiste.
L'industrie est localisée sur les côtes où des forges subsistent,
et dans la basse Loire (seule exception, l'industrie de la chaussure à Fougères).
Les arsenaux de Brest et Lorient sont très actifs,
et Saint-Nazaire devient le plus grand centre de construction navale civile après 1860.

La ville de Nantes s'affirme comme le principal pôle industriel breton,
où bon nombre d'industries sont représentées.
Vers 1880, la Bretagne sera même le premier centre mondial de conserverie de poisson.
Mais toutes ces activités sont fragiles et dépendant du contexte général.

Donc même si des progrès sont indéniables, globalement le poids économique de la Bretagne
décroît par rapport à celui des autres régions françaises.

Dans le domaine politique, le rôle des notables conservateurs, demeure prédominant.

L'Eglise encourage les politiques et assure un encadrement très efficace grace à l'ensemble du clergé,
et surtout grace à toutes les congrégations, surtout féminines, qui se multiplient.
Le clergé n'est plus hostile aux dévotions populaires, ni à la culture bretonne.
Pourtant, à partir de 1880, il s'oppose à la laïcisation.

La Bretagne peut paraître arriérée, mais elle a ses grands auteurs :
de Chateaubriand à Jules Verne et Renan.
A cette époque, la Bretagne devient à la mode,
et les premières stations balnéaires naissent sur la côte (Dinard).
Des peintres fréquentent Concarneau, Douarnenez, et surtout Pont-Aven après l'arrivée de Gauguin en 1886,
qui témoignera de l'atmosphère et des traditions de la Bretagne.
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D'une guerre à l'autre
1914 - 1945.

Chapitre réalisé d'après "Histoire de la Bretagne" d'André Chédeville © 1997 Editions Ouest-France


De la Première Guerre Mondiale, la Bretagne ne connaît sur son sol, que l'arrivée des réfugiés, et puis des blessés.
Enfin, en 1918 elle verra le débarquement à Brest et surtout à Saint-Nazaire, l'arrivée des troupes américaines.
En revanche, 120.000 soldats bretons périssent (22% des mobilisés pour une moyenne française de 16%)
Cette guerre déstructure la société et ébranle cette organisation traditionaliste.
La natalité diminue, la pratique religieuse n'est plus unanime,
et les femmes qui ont remplacé les hommes au travail vont s'émanciper.

Les années vingt apparaissent comme l'apogée de la polyculture paysanne grâce à l'amélioration de l'élevage
et à l'introduction des cultures légumières. La main-d'œuvre est abondante.
Portant les voies de communication locales sont médiocres et l'habitat très modeste.
Les conditions de vie sont difficiles. Ce monde très rural (plus que la moyenne française) restera jusqu'en 1950
un bastion de chrétienté encadré par un clergé toujours nombreux et actif.
Il demeure aussi à très forte tendance politique conservatrice.

La crise de 1929 - 1930 touche moins la Bretagne que les grandes régions industrielles.
En 1936, le tourisme des "congés payés" favorise la côte sud. La Baule détrône Dinard.

Tout va basculer avec le déclenchement de la Seconde Guerre Mondiale.
Les allemands occupent la région entre le 18 et le 22 juin 1940.
En 1941, ils construisent leurs bases de sous-marins à Brest, Lorient et Saint-Nazaire,
et commencent à édifier le "mur de l'Atlantique".
Mais la Résistance bretonne s'organise et s'occupe d'ailleurs seule
de résoudre les poches de Lorient et Saint-Nazaire.
Les pertes civiles sont assez limitées, par contre les dégâts matériels sont considérables.
La plupart des villes sont détruites en quasi totalité par les bombardements,
et les ports, les gares et les ponts sont hors d'usage.
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La Bretagne d'aujourd'hui

Chapitre réalisé d'après "Histoire de la Bretagne" d'André Chédeville © 1997 Editions Ouest-France


La reconstruction au lendemain de la guerre n'avait pas permis
d'améliorer sensiblement une situation difficile.
C'est la région qui a le revenu le plus faible par habitant, mais aussi la productivité moyenne la plus basse.

Dès 1950, la Bretagne met sur pied un Comité d'Etude et de Liaison des Intérêts Bretons (CELIB)
qui rassemble tous les interlocuteurs concernés toutes tendances confondues.
Grâce à cette initiative, la Bretagne bénéficiera d'un "plan breton"
qui décentralisera des industries et des services
(Citroën à Rennes, télécommunications à Lannion)
et dotera la péninsule d'un réseau autoroutier gratuit,
et finira par mettre Rennes à deux heures de Paris par le T.G.V.

Les campagnes se vident, mais dans le même temps l'agriculture spécialisée et spéculative s'installe,
(surtout l'élevage) où la structure coopérative joue un rôle très important.
On pratique également remembrements et arasements de talus, qui modifient sensiblement le paysage.

En 1975, l'économie bretonne a rattrapé son retard et se situe dans la moyenne des régions françaises.

Aujourd'hui, la filière agro-alimentaire, est la principale source de richesses

La Bretagne est la première région agricole française avec des productions végétales spécialisées
(75% des choux-fleurs et des artichauts),
un élevage classique ( 24% du lait et 17% des gros bovins),
et surtout des élevages hors-sol (54% des porcs et 48% des poulets).

Il reste à développer les industries de transformation d'une production
déjà excédentaire en Europe et à résoudre les problèmes d'environnement.

La Bretagne est l'une des trois régions européennes les plus dépendantes de la pêche
et des activités induites car 11% de l'emploi s'y trouve concerné.

Le modèle industriel breton sera géographiquement éclaté et fragilisé
tant que le département de Loire-Atlantique sera rattaché à la région des Pays de Loire.

Le tourisme constitue le second pilier de l'économie régionale.
La Bretagne est la seconde destination estivale des français.
Ce tourisme est littoral à 84% et il présente un grave risque d'hypertrophie
accompagné d'une dégradation du milieu.

Il faut donc promouvoir l'ensemble de la péninsule
qui offre à la fois une nature relativement préservée,
des richesses monumentales variées et une originalité indéniable.

La Bretagne est plus peuplée qu'elle ne l'a jamais été.
Pourtant le centre, puis l'ouest, et la côte nord sont en déclin,
alors que Nantes et Rennes polarisent l'essor urbain.

En même temps, diminue sans cesse le nombre de ceux qui parlent le breton,
malgré les efforts des mouvements culturels.

Périphérique et longtemps menacée de marginalisation,
la Bretagne est maintenant favorisée par la création d'un espace européen,
ainsi que par l'essor d'un marché mondial dont l'une des voies maritimes majeures longe ses côtes.

La prospérité par le progrès technologique ne doit toutefois pas être le seul objectif,
car la Bretagne ne saurait lui sacrifier son âme.

Son identité fait aussi sa force :
la défense du patrimoine naturel, historique,linguistique et culturel
est tout autant une ardente nécessité.

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