Les Textes sont extraits de "Notes d'Histoire Locale" rassemblées par l'abbé NIZAN, recteur,
avec la collaboration de l'abbé HUCHON, Vicaire.

Au Rendez-vous de l'Histoire

Le nom de Limerzel apparaît dans un acte du cartulaire de l'Abbaye de Prières en 1272,
mais dans une orthographe différente de celle que nous avons aujourd'hui :
« HISMERZER », c'est-à-dire, en breton, « Lieu du Martyr ».
Cette appellation semble pouvoir se justifier d'une double façon :
1° par le choix du Patron de l'église, qui est saint Sixte II, pape et martyr;
2° par la présence au bourg même d'une antique chapelle dédiée à saint Laurent,
diacre de saint Sixte et martyr comme lui.

Dans la suite des âges, « HISMERZER » subira des altérations ;
il deviendra successivement « HISMERZEL », « LISMERZEL » et « LIMERZEL ».

Qu'on ne s'étonne pas de trouver ici un nom breton car, aux X° et XI° siècles,
le breton était parlé dans toute la région.
Témoins de ce passé, quelque vingt hameaux débutant par le mot « Ker »
qui se traduit en français par «chez »: Kerdoret, Kerluidan, Kervilliers, Kervazo, etc.
D'autres, sans doute plus récents, ont adopté la traduction française :
Chez-Loyl, Chez-Catrevaux, Chez-Marc, etc. Antérieurement aux Bretons, les Celtes avaient habité le pays.
Une hache en diorite calcarifère a été découverte à Limerzel et remise au Musée de Vannes (n° 372).
Au nord du bourg, près du village de Brunelay-de-Haut,
dans un terrain vague qu'on appelle «Les Noës de Brespan»,
se trouvent neuf tumulus ou tombelles dont la plus haute
est située à cent mètres des autres qui figurent sur deux lignes rapprochées et parallèles.
Les fouilles qui y furent pratiquées en 1808 par M. de Penhouët n'amenèrent pas,
comme on semblait s'y attendre dans le pays, la découverte d'un trésor,
mais de cendres, d'ossements calcinés, de fragments de verre et de poteries,
le tout déposé sur un lit de terre glaise auquel la combustion de ces objets
avait conféré une telle dureté que la pioche avait peine à l'entamer.
Ces tumulus sont-ils des tombeaux ou des restes de fortifications
datant des Celtes, des Romains ou d'Alain le Grand, quand celui-ci pourchassait les Normands
et remportait sur eux en 888 la bataille de Questembert ?

Nombreuses sont les croix de pierre au bord des routes et des chemins...
Si le Calvaire de la Grée est de toutes la plus imposante,
la plus ancienne est probablement celle de Crévéac, on la suppose du IX° siècle.
Elle est en granit grossier, aux bras pattés, haute de 1,50 m, large de 0,60, épaisse de 0,20.

La paroisse de Limerzel relevait jadis du doyenné de Péaule et de la sénéchaussée de Vannes.
En 1790, elle fut érigée en commune du canton de Rochefort dont elle dépend toujours,
mais en 1967 elle quittait le doyenné de Rochefort pour se rattacher à celui de Questembert.






Les Textes sont extraits de "Notes d'Histoire Locale" rassemblées par l'abbé NIZAN, recteur,
avec la collaboration de l'abbé HUCHON, Vicaire.

L'ancienne Eglise

D'après un dessin copié sur une vieille carte postale, on constate qu'elle était basse,
pas très grande, orientée est-ouest,
qu'elle occupait en longueur la largeur de l'église actuelle,
que son clocher ressemblait à celui de Malansac,
que, par une porte latérale au sud, on accédait directement au cimetière,
lequel se trouvait situé à l'emplacement de la nouvelle tour et du bas de la nef,
que le tombeau de la « Grignonne » s'adossait au mur de l'Église...

A diverses reprises, il avait fallu faire à cette église d'importantes réparations,
notamment à la nef en 1773 - 1774, ainsi qu'en témoigne une note du registre des baptêmes.
En 1887, elle devait être en fort mauvais état puisque M. l'Abbé Joseph BECEL,
dès son arrivée comme recteur de Limerzel,écrit sur le registre de la paroisse
que « profondément attristé par la vue de l'ancienne église »,
il entreprit aussitôt de faire les démarches qui s'imposaient
pour « en construire une nouvelle »...
Ces démarches, nous le verrons, devaient aboutir en peu de temps.







Les Textes sont extraits de "Notes d'Histoire Locale" rassemblées par l'abbé NIZAN, recteur,
avec la collaboration de l'abbé HUCHON, Vicaire.

La Chapelle Saint-Laurent

Au croisement des routes de Rochefort en Terre - Péaule et Noyal-Muzillac, en plein bourg de Limerzel,
s'élève la chapelle Saint Laurent.

Elle est assez basse de construction et passe inaperçue pour beaucoup d'étrangers
et cependant elle doit être la plus vieille chapelle de la paroisse.

En l'an 408, les Armoricains se soulevèrent contre l'Empire Romain en décadence
et retrouvèrent leur indépendance.
Ils avaient à leur tête Conan Mériadec. Un nouvel état de chose se fixa.

En 465, le diocèse de Vannes fut définitivement crée et Saint Patern en fut nommé évêque.
C'est à cette époque que fut détruite la construction romaine
sur laquelle fut édifiée la chapelle Saint Laurent.
Cette chapelle fut reconstruite à la fin du XV° siècle. Voici ce que dit à ce sujet l'écrivain Lucos :
"De nombreuses chapelles s'élevaient alors à Limerzel, il y avait celle de Saint Laurent,
reconstruite à la fin du XV° sous le rectorat de Pierre de Coëtlogat (1477 - 1496)
comme le prouve cette instruction d'une des sablières :« M. P. DE COETLAGAT, RECTEUR, FIT CETTE CHAPELLE. »
L'édifice actuel repose sur les ruines d'un autre
dont les briques romaines restées sur place démontrent surabondamment la haute antiquité.
La forme est celle d'une croix latine, d'un seul bras au sud. On y remarque même quelques briques.
Par ailleurs, elle a des portes et des fenêtres ogivales.
Ce fut dans la chapelle Saint Laurent, faute d'un autre local,
qu'eurent lieu les premières élections législatives et municipales à Limerzel.

Vers 1860, les Ponts et Chaussées voulaient démolir Saint Laurent
pour permettre la construction des routes de Noyal et de Péaule.
Le 22 mai 1864, le conseil municipal proteste :
" On veut faire la route n°4 qui coupera une partie de la chapelle Saint Laurent, (monument antique)
à laquelle la commune attache une grande importance, et qu'elle a l'intention de réparer ...
si la route n'est pas faite, on arrivera de plus à conserver le puits Saint Laurent,
qui est une nécessité absolue dans une localité où l'eau manque tous les étés.
" Le conseil municipal obtint gain de cause. La chapelle ne fut pas touchée.

Le 2 février 1893, commencèrent les travaux de restauration. On se trouva en présence d'une ouverture carrée
formant entrée d'une cave de deux mètres de profondeur.
Mr le recteur défendit de poursuivre les recherches et fit fermer l'ouverture.
On reconstruisit les pignons. On éleva les murs, on refit la charpente et la toiture, on posa le pavé.
Les dépenses s'élevèrent à 1700 fr.
Le bras de la croix devint la sacristie. Depuis lors cette partie a été classée par les Beaux-Arts.
Dans cette chapelle, le 21 mai 1887, fut érigée canoniquement sur la demande de l'abbé Bécel,
recteur, par Mgr l'évêque de Vannes, la congrégation de la Sainte Vierge.

Et depuis, c'est dans ce lieu que se font les réunions d'enfants de Marie.
Pour les rogations, la fête de Saint Antoine et dans quelques autres circonstances,
la messe est célébrée à la chapelle Saint Laurent.
Ce saint est invoqué pour l'asthme. Un chroniqueur rapporte que
" pour éprouver du soulagement, il faut balayer la chapelle ".
Souhaitons que cette petite chapelle demeure encore longtemps pour rappeler aux générations qui viendront,
l'antiquité de notre pays et la dévotion de nos ancêtres au compagnon de Saint Sixte,
qui mourut, rappelons le, sur un gril de fer.
Elle accueille aujourd'hui la médiathèque municipale de LIMERZEL.






Les Textes sont extraits de "Notes d'Histoire Locale" rassemblées par l'abbé NIZAN, recteur,
avec la collaboration de l'abbé HUCHON, Vicaire.

La Chapelle saint Louis

Nous ne savons rien de l'ancienneté de cette chapelle qui était la chapelle de la frairie de Bodéria-Bé.
Mais nous pouvons y voir, posé sur l'autel, un panneau de chêne de forme semi-circulaire
et sculpté sur ses deux faces : côté exposition, il représente la Cène du Jeudi Saint
et de l'autre, trois personnages costumés, semble-t-il, à la manière du XVI° siècle.
Au sommet de ce panneau, à la base d'une croix qui devait !e surmonter et qui a disparu,
allongés sur le cintre, deux lions à tête humaine et perruque se faisant vis-à-vis...
Un détail : au lieu de se fixer dans les yeux, ils tournent la tête vers qui les observe.
Trois soleils disposés en triangle ressortent du large encadrement
décoré de fines écailles sculptées à même le bois.
Sur le mur opposé à la porte d'entrée, on notera cette curieuse inscription :
« BELANCHIE P : JO : PONDAR L AN : 1784. »




Les Textes sont extraits de "Notes d'Histoire Locale" rassemblées par l'abbé NIZAN, recteur,
avec la collaboration de l'abbé HUCHON, Vicaire.

Saint Clair
Sa chapelle, sa fontaine et sa croix

De Rome, Saint Clair fut envoyé comme missionnaire en Armorique.
Il s'établit d'abord à Nantes dont il devint le premier évêque,
mais en même temps il étendit son champ d'action aux campagnes d'alentour.
C'est ainsi qu'on le vit à Plesse, Guenrouët, Guémené-Penfao, Derval, etc.

Toutes ces paroisses et bien d'autres lui ont dédié des chapelles.
Bien vite pourtant il jeta son dévolu sur le pays des Vénètes.
Après une halte dans la presqu'île guérandaise,
à Saille dont il reste le Patron, il parvint à Limerzel.
S'étant arrêté près du village de Kervilhers,
voici qu'il fait jaillir une fontaine et commence à prêcher l'évangile,
accompagnant sa prédication de nombreux miracles dont celui de rendre la vue aux aveugles
qui vont se mouiller les yeux à l'eau de sa fontaine.

Après Limerzel, c'est Vannes et sa région qui bénéficient de sa visite.
Son renom va sans cesse grandissant... Bientôt il se met en route vers le nord de la Bretagne,
évangélise Ménéac et Mohon et parvient à Réguiny ;
c'est là qu'il meurt, c'est là qu'il est enterré. Sur son tombeau on peut lire cette épitaphe :
« SAINT CLAIR, ENTERRÉ ICI LE 10 OCTOBRE 96, LE SÉPULCRE DE SAINT CLAIR. ÉVÊQUE. »

Dès le XIV° siècle, la paroisse de Limerzel reconnaissante lui construit une chapelle
à deux cents mètres de la fontaine, sur la voie romaine qui l'avait amené jusque-là,
à quelque distance des villages de Chez-Loyl et de Kermahé.

Au XVII° siècle, cette chapelle était le sanctuaire de la frairie de Crévéac.
La famille Grignon de la Garenne tenait une place très importante parmi ses bienfaiteurs.
Celle que, familièrement, nous appelons la « Grignonne » aimait à y venir prier avec les gens du voisinage;
ses deux fils prêtres y célébraient la messe de temps à autre.

Plusieurs fois restaurée au cours des âges, elle le fut magnifiquement par le recteur,
l'Abbé Joseph Bécel, qui, dès son arrivée dans la paroisse et bien qu'il eût une église nouvelle à bâtir,
fit rehausser les murs — ce qu'on remarque facilement — et remplacer charpente et couverture.

Entre la chapelle et la fontaine, tout près du ruisseau, se dresse une croix de granit fort ancienne
qui repose sur un socle naturellement plus récent :
celui-ci, en effet, indique une date — 1818 — qui ne saurait être celle de la croix.

Chaque année, à l'occasion de la Saint-Clair, des pèlerins s'arrêtent un instant à la fontaine
pour y dire une prière et s'y laver les yeux; ils s'en vont ensuite à la chapelle où la messe est dite
et prennent part à la fête champêtre organisée dans la prairie voisine.
Ce coin de Saint-Clair est également fréquenté par les touristes et les vacanciers :
à la belle saison, on les voit nombreux se promener sous les chênes, les châtaigniers et les sapins...
Ils sont, eux aussi, les protégés de saint Clair.







Les Textes sont extraits de "Notes d'Histoire Locale" rassemblées par l'abbé NIZAN, recteur,
avec la collaboration de l'abbé HUCHON, Vicaire.

Le Temple-de-Haut

La chapelle du village qui porte ce nom était jadis appelée le "Temple Neuf",
sans doute pour la distinguer du Temple de Bas qu'on appelait le « Vieil Temple »
Elle est située à 3,500 km au nord-ouest du bourg sur un tertre élevé qui domine la route de Kerjabin à Kerdoret.

Quand les Templiers disparurent du pays, elle devint chapelle paroissiale
et fut mise à la disposition et à la charge de la frairie de Montaigu.
L'édifice actuel, en appareil irrégulier, de forme rectangulaire avec,
dans le pignon est, une fenêtre ogivale à deux meneaux en trilobés et quatre feuilles,
paraît être de la fin du XIV° siècle.
Au-dessus du portail se dresse un clocheton du XVI° siècle et la cloche qu'il contient date de 1670 environ.
Le RETABLE de l'autel est remarquable, D'une seule pièce, il est en granit sculpté
et divisé en quatre compartiments surmontés d'arcades en trilobés.

Le premier de ces compartiments représente la Nativité.
La sainte Vierge repose sur une claie avec l'Enfant-Jésus sur les genoux.
Au-dessus, on voit la tête de l'âne et celle du bœuf.
Deux anges forment avec leurs ailes l'encadrement supérieur du panneau.
Saint Joseph, appuyé sur un béton, se tient debout en adoration.

Le second montre un pèlerin habillé à la mode du XV° siècle.

Le troisième figure le Christ expirant sur la croix, entre la sainte Vierge et Marie-Madeleine,
toutes deux debout, la première les mains jointes et la seconde la tête appuyée sur la main droite.

Le quatrième représente encore Marie-Madeleine tenant à deux mains un vase de parfums.

Les STATUES sont également remarquables,du moins les trois qui se trouvent sur une corniche au-dessus de l'autel.
Du côté droit, la plus ancienne est une Marie-Madeleine qu'à son costume on pourrait dater du XV° siècle.
Elle fut repeinte en 1666 pour la somme de 40 sous.
Du côté gauche, il y a un saint Jean-Baptiste revêtu de la peau de mouton.
Un agneau dressé sur ses pattes de derrière pose ses pieds de devant sur la hanche du saint qui le caresse.
Il fut sculpté en 1666 par un artiste que fit venir le procureur de la chapelle, Pierre Méhat.
La troisième statue, toujours à gauche, représente Saint Julien,
tout bardé de fer comme un chevalier du Moyen Age. Elle fut sculptée à la demande de Pierre Jollivet,
procureur en 1689 par un artiste qui travailla sur place comme le précédent.
Enfin, une statue moderne se trouve sur une console à gauche, à l'entrée du chœur.
Elle représente aussi saint Julien, mais en centurion romain, debout, armé d'une lance et peint de couleurs vives.
Elle n'a pas, évidemment, la valeur des autres statues. On rapporte qu'en 1885, sous l'impulsion du recteur,
une souscription fut ouverte auprès des paroissiens prénommés « Julien »
pour doter cette chapelle du Temple-de-Haut d'une nouvelle statue de leur saint patron.
On réussit de la sorte à réunir les cent vingt francs qu'elle coûtait.
Il existait jadis un cimetière autour de la chapelle, mais on enterrait aussi,
du moins à une certaine époque, dans la chapelle.
En construisant le piédestal de la statue de saint Julien, les maçons Louis Guégan et Louis Traverson
trouvèrent un crâne humain sous le dallage.
À quelques pas de la chapelle se trouve une croix de granit très belle et très ancienne;
elle serait, de la fin du XV° siècle. Elle représente d'un côté le Christ en croix et
de l'autre la sainte Vierge avec le Christ sur ses genoux après la descente de croix.






Les Textes sont extraits de "Notes d'Histoire Locale" rassemblées par l'abbé NIZAN, recteur,
avec la collaboration de l'abbé HUCHON, Vicaire.

Le Temple-de-Bas

Ce village, situé à 2 kilomètres au sud-est du bourg,
tire son nom d'une chapelle aujourd'hui disparue appartenant aux « Templiers »,
religieux habillés d'un grand manteau rouge et communément appelés pour cette raison les « Moines rouges ».

Leur chapelle, ou « temple », était dédiée à sainte Marie-Madeleine, mais on y invoquait aussi saint Mamert,
évêque de Vienne, dans les Alpes, auquel on attribue les processions des Rogations.
En 1643, la chapelle était pourvue de tout ce qui est nécessaire au culte, mais vers 1750 elle tombait en ruines,
sans doute parce que les Templiers, persécutés avec acharnement, n'avaient pu l'entretenir.

Elle fut démolie vers 1800. Des murs, il ne reste à fleur de terre que quelques vestiges
et la vieille croix qui se dressait à l'entrée n'a conservé qu'une pierre.
Elle se trouvait tout en bas du village actuel, après les dernières maisons.

La légende de l'homme rouge

C'était autrefois, il y a très longtemps, au commencement de septembre,
on battait aux fléaux le blé noir dans la « rue » du Temple-de-Bas.
L'orage menaçait et les batteurs se pressaient.
Tout à coup, l'orage éclate, un éclair arrête la batterie, la foudre tombe,
une pluie torrentielle inonde la « rue ».
On se précipite à l'abri sous la grange, mais en se retournant, tous sont saisis de frayeur...
Là-bas, au bout du pailler se tient à demi renversé un homme tout rouge,
ne faisant pas un geste et ne disant pas un mot.
On pense qu'il est tombé dans le coup de tonnerre... L'orage passé, l'homme rouge est toujours là, immobile,
mais chacun rentre chez soi, n'osant en approcher jusqu'au lendemain matin où enfin les plus hardis du village,
ou les plus charitables, lui apportent un peu de nourriture à laquelle l'inconnu ne touche pas.
Au bout de trois jours il mourut sans avoir dit mot, et personne ne sut qui il était.
Le recteur qu'on alla prévenir fît l'enterrement à la chapelle, et une tombe fut creusée tout près
sur laquelle on plaça une croix de granit, comme on la faisait pour les événements graves.

Histoire ou légende ? Qui le dira ?...

M. de Kerviler émet à ce propos une hypothèse que nous croyons utile de rapporter :
« L'année 1312, sous le règne de Philippe le Bel fut marquée par le massacre de beaucoup de Templiers,
dont ceux de la Commanderie de Carentiel. La tradition rapporte qu'ils furent massacrés au pied d'un gros chêne,
à côté de la chapelle de la Fondelienne qui existe toujours à Carentoir.
« II semble probable que l'un d'eux, couvert de sang et revêtu de son grand manteau rouge,
connaissant le Temple-de-Bas, essaya d'y arriver pour y trouver un refuge.
Mais les graves blessures qu'il avait reçues et le manque de soins ne lui permirent pas de survivre.
« Quant au recteur de Limerzel, ayant reconnu à son manteau rouge un «Templier»,
il le fit enterrer, selon la coutume de l'époque, dans le terrain dépendant de cette chapelle dite "Temple de Bas".
Si l'on retient cette explication, il faut admettre que l'histoire de l'homme rouge
circule de père en fils depuis le XIV° siècle au moins et qu'elle est à mettre en relation avec l'exécution des Templiers
qui auraient été pendus au chêne de la Fondelienne à Carentoir...







Les Textes sont extraits de "Notes d'Histoire Locale" rassemblées par l'abbé NIZAN, recteur,
avec la collaboration de l'abbé HUCHON, Vicaire.

L'histoire écrite dans la pierre
Le manoir de Kerfaz

Pour se rendre à Kerfaz, il suffit de prendre la route de Noyal-Muzillac,
de bifurquer à Nazareth, de traverser le gentil village de Kervazo,
de saluer la croix de Kersampé et de poursuivre jusqu'au chemin de terre
qui se coule à gauche entre deux haies de résineux.
Le toit se dessine au-dessus des arbres.
Jean de Rosmadee fît bâtir ce manoir fin XVI° siècle pour y venir habiter avec sa famille.
Des six enfants qu'il eut, nous ne retiendrons seulement que l'avant-dernier,
Sébastien, qui naquit en 1580, entra dans les ordres,
et se fit prêtre et devint évêque de Vannes de 1624 à 1646.
C'est à lui qu'échut l'honneur de faire comparaître devant lui
le célèbre voyant de Sainte-Anne-d'Auray, Yvon Nicolazic.
Il y eut à Kerfaz une chapelle dédiée à saint Eutrope,
apôtre de la Saintonge et premier évêque de Saintes,
chapelle depuis longtemps désaffectée et qui servait d'école au milieu du XIX° siècle.
Nous avons cependant les noms de quelques-uns de ses desservants ;
Jacques Le Mué (mort 1645 à Kermichel),
Jean Sorel (mort 7 août 1656),
Jean Stévan (mort 1705),
Guillaume Launay (mort 1722),
Pierre Clodic (mort 1776 au Parc).
Jean de Kerviler (l'auteur d'une histoire manuscrite de Limerzel) vint habiter Kerfaz en 1904.
Né à Vannes le 3 juillet 1856, devenu contrôleur des contributions indirectes,
il épousa le 26 janvier 1886 à Redon Louise Aubrée du Rhun
dont la famille était propriétaire de Kerfaz. C'est là, durant sa retraite, qu'il écrivit de 1908 à 1910
son histoire de Limerzel qu'il fît paraître dans les bulletins paroissiaux de l'époque.








Les Textes sont extraits de "Notes d'Histoire Locale" rassemblées par l'abbé NIZAN, recteur,
avec la collaboration de l'abbé HUCHON, Vicaire.

Le manoir du Bois de Ros

Situé à la pointe sud-est de Limerzel, deux ruisseaux, le Trévelo et le Pej,
séparent son domaine, le premier de Caden et le second de Péaule.

Au début du Moyen Age, il faisait partie des terres des ducs de Bretagne,
mais en 1423, le duc Jean V le donnait, en échange d'une rente, à l'Abbaye de Prières
qui, en développant ses bâtiments, en fît une maison de repos pour ses moines âgés et impotents.

L'aile droite du manoir a été construite en 1903
pour remplacer la partie détruite par un incendie en janvier 1839.

La chapelle remonte au XVII° siècle; elle est dédiée à saint Bernard, fondateur des moines cisterciens.

C'est ici que Pierre Lubert, prêtre originaire du Bois de Ros et vicaire à Malansac,
trouvait refuge durant la tourmente révolutionnaire.
Depuis le 10 mai 1900, la famille Espitalier de la Peyrade est propriétaire du Bois de Ros.








Les Textes sont extraits de "Notes d'Histoire Locale" rassemblées par l'abbé NIZAN, recteur,
avec la collaboration de l'abbé HUCHON, Vicaire.

Le manoir de Pinieux

Au Moyen Age, le domaine de Pinieux comprenait les métairies du Coslin et de Kerblay,
un moulin à eau et, sur la route de Rochefort, à la sortie du bourg,
un moulin à vent dont il ne reste que des ruines.
Plus tard, vinrent s'ajouter les fermes de Kerficat, du Boulin et de Cadalin.

Ce domaine, relevant directement des ducs de Bretagne,
donnait à son possesseur droit de justice, et celle-ci se rendait au bourg.

Le manoir se trouve sur une colline boisée à 3 kilomètres au sud-ouest du bourg,
à près de 500 mètres de la route de Noyal-Muzillac. Il est du début du XVI° siècle,
ainsi d'ailleurs que sa chapelle qui est dédiée à la sainte Vierge.
Cette chapelle fut détruite par un incendie en 1888,
et l'on ne sauva des décombres que la statue de la Vierge qui se trouvait placée sur l'autel.
Manoir et chapelle ont été parfaitement restaurés
quelques années avant la Seconde Guerre mondiale
par M. le vicomte Raymond du Bouëxic de Pinieux.









Les Textes sont extraits de "Notes d'Histoire Locale" rassemblées par l'abbé NIZAN, recteur,
avec la collaboration de l'abbé HUCHON, Vicaire.

Le panonceau de la maison de la Justice

Comme nous l'avons dit, le possesseur du domaine de Pinieux avait droit de justice, et il l'exerçait au bourg.
En face de la porte ouest de l'église, sur le mur d'une antique maison, à la hauteur du premier étage,
on peut voir une plaque sculptée de forme ovale, en pierres calcaires, recouverte d'un badigeon jaune.
Cette plaque mesure près d'un mètre soixante de hauteur sur un mètre vingt de largeur.
Cette sculpture est un pennon généalogique parti de deux traits
et coupé de deux autres traits, ce qui fait neuf quartiers.

Il décrit les armoiries des familles Couëdro et Cybouault, tenants de la seigneurie de Pinieux,
et, selon Jean de Kervi!er, il doit se lire comme suit :

- Au 1er du Chef : "Vairé d'or et d'azur", qui est Rochefort et représente Renée de Couëdro,
ramage de Rochefort et Dame de Pinieux (XVI° siècle).

- Au 2° : « D'argent à l'épervier au naturel posé de face, la tête de profil à dextre, becqué d'or,
perché de gueules », qui est La Piguelais, et qui indique Jeanne-Catherine de La Piguelais,
épouse de René Cybouault dont elle hérite la seigneurie de Pinieux (décédée à Vannes en 1645).

- Au 3°: « D'azur à onze billettes d'argent posées en 4-3-4 >>, qui est Beaumanoir
et représente Aliette de Beaurnanoir dont la fille épousa Georges de Couëdro en 1498.

- Au 4°: « D'azur à neuf besants d'or placés 3-3-3 »,
qui est Rieux que les Cybouault reconnaissaient comme suzerain.

- Au 5° : « D'argent au chevron de sable, bordé de gueules », qui est René Cybouault,
époux de Jeanne-Catherine de La Piguelais, mort à Paris en 1619.

- Au 6°: << D'azur semé de fleurs de lys d'argent »,
qui représente N. de Saint-Gilles de Beaulieu, épouse de Julien Cybouault ( 1530).

- Au 7°: « De sable au rencontre ou massacre de cerf d'or »,
qui est Trédazo, mort en 1631, marié à Renée de Muzillac.

- Au 8° : << De gueules de lion léopardé d'hermines »,
qui est Muzillac. Renée de Muzillac, née à Noyal-Muzillac en 1577,
était la filleule de Renée de Couëdro.

- Au 9° :<< D'azur à six quintes feuilles d'or placées 2-2-2 », qui est La Forest (Malansac).

Jeanne de La Forest épousa Jean de Couëdro vers 1470.
Ce panonceau, assez détérioré par le temps, est surmonté d'un casque ou heaume tourné de profil à dextre,
surmonté d'une tête d'épervier en cimier. L'écusson, entouré du Collier de l'Ordre du Roi,
est placé dans un cadre de style XVII° siècle et encerclé de l'insigne de la Cordelière.
Jeanne de La Forest, dont le père portait le blason de la seigneurie de Kermeu
« d'azur à trois tourteaux de sable », était la grand-mère de Renée de Couëdro
et vivait au temps de la duchesse Anne de Bretagne qui institua l'ordre de la Cordelière.
Jean de Kerviler estime que, d'après la disposition des écus et attributs,
le panonceau de la justice a été fait sur l'ordre de Jeanne-Catherine de La Piguelais,
veuve de René Cybouault, douairière de Pinieux de 1619 à 1645.







Les Textes sont extraits de "Notes d'Histoire Locale" rassemblées par l'abbé NIZAN, recteur,
avec la collaboration de l'abbé HUCHON, Vicaire.

Vieilles pierres ... vieilles maisons...
Glanées ça et là, quelques petites curiosités,

Au Temple-de-Bas, une pierre qui se trouvait jadis sur un mur du grenier et que l'on a sertie
dans la façade d'une maison appartenant à M. Jean Louër, raconte l'acte de vente d'une ferme :
« GUILLAUME ET JACQUES ET JULIEN LES CHANTOUX PERE ET FILS,
ONT AFFEAGEZ (acheté ou acquis) LE FONDS DE LA TENUS ALLAIN DU VIEIL TEMPLE EN LIMERZEL,
DE MESSIRE HIEROSME (Jérôme) DU CAMBOULT ET DAME MARYE DE CARHEIL SA COMPAGNE,
SEIGNEUR ET DAME DU CAMBOULT, LE QUINZIEME SEPTEMBRE 1624. »
(1624... Disons avec plus de sécurité « dans les années 1620 » car le dernier chiffre est illisible.)

Mais, tout près de là, une vieille maison se réclame de 1624.
Quantité de villes et de bourgades à caractère ancien conservent dans la pierre le portrait d'un couple,
homme et femme, que les touristes se plaisent à admirer :
c'est le cas de Vannes avec son couple célèbre de « Vannes et sa femme ».
Limerzel possède trois couples de ce genre ;
- "Limerzel et sa femme", au bourg même, près de la chapelle Saint-Laurent,
sur l'annexe du restaurant Guégan; ils sont en bonne place sur un mur qu'on a refait totalement ;
- "Kervazo et sa femme", au village de Kervazo naturellement, dans le pignon de la maison
appartenant à M. Joseph Eon; ils se tournent délibérément le dos comme s'ils avaient échangé d'amères politesses.
A remarquer tout près de là une très vieille maison datant de 1680
ou approximativement car le dernier chiffre ne se distingue pas bien ; elle appartient à M. Jean Crète.

- "Truda et sa femme", à Truda, sur la maison toujours appelée «le Presbytère», propriété des familles Boulo et Guichon;
ici, l'homme et la femme sont éloignés de toute la largeur du bâtiment,
perpendiculairement fixés au mur de la façade et à la naissance de la toiture,
et regardent obstinément vers le sol. De plus, au-dessus du linteau de la fenêtre située à l'étage,
on peut voir un calice placé entre deux burettes et, tout à côté, les indications suivantes :
"J.H.S. et M.". Deux des portes sont également datées : 1638 et 16X9 (?).

Sur la façade du presbytère, au bourg, on a placé le cadran solaire qui se trouvait dans le vieux cimetière;
il comporte un nom : François Mabile, et une date : 1774.
De très anciennes maisons subsistent ça et là :
- Au bourg, sur la plus haute fenêtre de l'Auberge Limerzelaise qui a fière allure
depuis sa récente restauration, on peut lire : 1740. sur la maison de la veuve Eon : 1642.
sur la maison de M. Marcel Le Borgne : 1741, et sur sa cave : 1622.
- A Kerdoret, sur l'ancienne demeure de Julienne Brohan que M. Boumier a fort judicieusement améliorée,
deux indications, une date : 1600, et une signature : P. Louzier.
- A Saint-Servais, le « Cani » est une ferme, relativement récente, que M. Le Boulanger a magnifiquement aménagée en auberge campagnarde.
- A La Garenne, sur la maison de la « Grignonne », aujourd'hui habitée par M. Provost,
on peut lire cette inscription : "E.P.M. Jean Grignon 1700" (E.P.M. c'est-à-dire « édifiée par Maître...>>)
on sait aussi que le pavillon construit par la "Grignonne" dans les dernières années de sa vie est de 1762 :
c'est là qu'habite aujourd'hui M. Le Glaunec.
Beaucoup de vieilles maisons aux magnifiques pierres de granit, aux belles entrées cintrées,
auraient par un aménagement approprié une allure que certaines de nos maisons modernes pourraient leur envier.









Les Textes sont extraits de "Notes d'Histoire Locale" rassemblées par l'abbé NIZAN, recteur,
avec la collaboration de l'abbé HUCHON, Vicaire.

Une grande figure Limerzelaise
"LA GRIGNONNE" ou "La Sainte de Limerzel"
(1690 -1770)

Joseph GRIGNON, médecin à la Garenne avec son père et après lui,
avait épousé à l'âge de 21 ans, le 25 mai 1705,
dans la chapelle Saint-Gildas, de Caden, Jeanne GOUPIL, née au village de Carlahouk,
et baptisée le 9 septembre 1690. Elle avait 15 ans.
De leur mariage naquirent à la Garenne huit enfants, tous baptisés a Limerzel;
cinq garçons dont deux devinrent prêtres, et trois filles
dont l'une se fit religieuse au monastère des Ursulines, à Malestroit.
Du vivant de son beau-père et de son mari, Jeanne Goupil,
que nous appellerons désormais du nom qui lui a été donné
et sous lequel elle est particulièrement connue :
« LA GRIGNONNE » aidait aux soins donnée à la Garenne,
car les médecins Grignon tenaient là une sorte de " clinique ".
C'est ainsi qu'elle prît l'habitude et acquit le talent
de soigner les malades et les blessés;
et, lorsqu'à la mort de son mari en 1734, on vint frapper à sa porte,
elle continua à recevoir et à soigner ceux qui se présentaient.
Comme les soins qu'elle donnait obtenaient des résultats remarquables,
elle eut un grand renom dans tout le pays,
d'autant que, ayant de la fortune, elle se faisait payer le plus souvent
en demandant des prières pour les âmes du purgatoire.
A la Garenne, dans un vestibule ouvert, se trouvait une pierre ronde sur laquelle elle s'asseyait
en filant sa quenouille, et elle avait l'habitude pour les petites opérations de faire asseoir
sur cette pierre les clients dont elle redressait les bras ou les jambes.
La "pierre de la Grignonne" était connue au loin, et longtemps après la mort de la Grignonne
on venait encore s'y asseoir, récitant le chapelet
ou filant des quenouilles pour obtenir du soulagement aux douleurs.
En 1890, le fermier de l'époque, qui se trouvait agacé par tout ce monde, brisa cette pierre
et en dispersa les morceaux dans le chemin : ce qui,
affirme-t-on, lui valut bien des déboires dans sa maison.
La Garenne appartenant à la frairie de Crévéac, la Grignonne fréquentait
et aimait la chapelle Saint-Clair
dont elle entretenait le mobilier cultuel et où elle tenait des réunions de prières.
Ses deux fils prêtres y célébraient souvent la messe et aidaient au ministère à Limerzel.
A l'église paroissiale, elle arrivait toujours de très bonne heure et restait agenouillée
presque tout le temps des offices, édifiant toute la population.
Très sévère pour elle-même, elle aimait que le travail de sa maison fût fait avec soin.
On raconte qu'un soir, entendant l'un de ses valets donner beaucoup de détails sur la diligence
qui venait de passer sur la grand-route et sur les voyageurs qu'elle transportait,
la Grignonne l'arrêta en disant : « Si vous aviez été bien appliqué à votre besogne,
non seulement vous n'auriez pas pu compter les voyageurs,
mais vous n'auriez même pas vu la diligence ».
Comme elle disait souvent qu'il faut toujours rapporter quelque chose en rentrant des champs,
un autre de ses domestiques, pour lui jouer un tour, lui rapporta deux pierres,
pensant bien que sa patronne en serait fort embarrassée.
Mais il fut lui-même très étonné de s'entendre dire :
« Quelle bonne idée vous avez eue là! Tenez, là dans le mur
il y a deux trous qu'elles vont boucher,
car on dirait que vous les avez choisies exprès ! »
Et en effet, les deux pierres y entrèrent exactement.
C'est le beau-père de la Grignonne qui fît construire la grande maison de la Garenne
(aujourd'hui habitée par la famille Provost).
Une pierre au-dessus d'une fenêtre porte l'inscription suivante :
« E. P. M. Jean Grignon 1700 » (E.P.M. signifie : édifiée par Maître).
Jean Grignon mourut le 4 janvier 1728, âgé de 82 ans.
L'inhumation eut lieu à Limerzel "par Messire Le Ray
de la Collégiale de Rochefort, un grand nombre d'ecclésiastiques
et un grand peuple des paroisses y assistèrent».
En 1762, la Grignonne, dont les petits-enfants passaient leurs vacances à la Garenne,
fit bâtir au nord de cette maison un pavillon où, pendant huit années encore, elle donna ses consultations.
Ce pavillon, transformé, est aujourd'hui habité par la famille Le Glaunec.
En plus de la Garenne, la famille Grignon était propriétaire des fermes de la Chouannière en Limerzel,
de Pouldomais, la Ville-Auray et Barniquel en Malansac,
de la Ville-au-Mée en Pluherlin, et de la Ville-Neuve en Rieux.

Voici l'acte de décès de la Grignonne :
« Le 30 septembre 1770, a été inhumé le corps de Dame Jeanne GOUPIL,
veuve du sieur Joseph GRIGNON de la Garenne, y décédée hier, munie des sacrements, âgée de 8O ans.
Ont été présents Messires Joseph et Hyacinthe GRIGNON, prêtres,
ses enfants, et plusieurs autres soussignés :
J.-J. GRIGNON, G. SANTERRE, Julien THOMAS, J. ROUSSEL, Th. EON, prêtres. P. TUAL, Recteur. »

Dans le couloir d'entrée du presbytère, on peut voir un tableau
de l'ancienne église et de l'ancien cimetière.
Le tombeau de la Grignonne se trouve adossé au mur côté sud de l'église.
C'est là que ses enfants firent construire un caveau pour recevoir le corps de leur mère
et, par-dessus ce caveau, un monument de granit.

Mais quand, en 1889, on entreprit la construction de la nouvelle église
qui serait plus vaste que l'ancienne
et empiéterait sur le cimetière, l'Abbé Joseph Bécel, recteur,
prit la décision de déplacer la tombeau de la Grignonne
et de le mettre dans cette église à l'endroit précis
où elle se tenait pour assister aux offices,
c'est-à-dire dans le transept côté ouest.
Le tombeau fut défait pierre par pierre par Julien Racouët en présence de MM. Bécel, le Comte de Pinieux,
le Maire et l'entrepreneur Renaud. Dans le caveau, on ne retrouva que des morceaux d'ossements
qui furent précieusement recueillis et transférés dans le nouveau caveau.
Polineau, ouvrier maçon, remonta le tombeau.
On peut y lire cette épitaphe :

« ICI REPOSE LE CORPS DE MADAME GRIGNON MORTE EN ODEUR DE SAINTETÉ A LIMERZEL EN 1770 »

Deux témoignages, entre autres, montrent en quelle estime on tenait la Grignonne
et quelle vénération on avait pour elle; celui d'un homme de Billiers
et celui d'un supérieur du Grand Séminaire de Vannes.
Le jour où mourut la Grignonne, le 29 septembre 1770, un nommé Loiseau,
du bourg de Billiers, se rendait à la Garenne
pour se faire passer des douleurs. En traversant le bourg de Limerzel,
on lui fît savoir qu'il arrivait trop tard
car la Grignonne venait de mourir et que son enterrement aurait lieu le lendemain,
« Alors, dit Loiseau, puisqu'elle est morte et que j'avais une grande confiance en elle,
je vais tout de même aller lui dire une prière à la Garenne »
Bien lui en prit : il ressentit un tel soulagement qu'il put retourner sans aide à Billiers.
On raconte qu'un jour, devant un homme qui déclarait que la Grignonne
avait été "une personne pieuse et rien de plus"
l'Abbé Le Gal, supérieur du Grand Séminaire de Vannes qui,
dans son enfance, l'avait connue, répliqua :
« Mon ami, je souhaite que vous ayez autant de sainteté qu'elle;
j'ai pour elle la plus grande vénération,
et je voudrais bien être à sa place en ce moment ».

Aujourd'hui encore, la mémoire de la Grignonne est loin d'être oubliée dans le pays ;
de nombreuses personnes viennent à son tombeau pour s'y recueillir,
y brûler des cierges et y présenter les petits enfants qui tardent à marcher...

Que sont devenus les enfants de la Grignonne ?
Nous avons dit qu'elle en eut huit de son mariage avec Joseph Grignon :

1° JEANNE, baptisée à Limerzel le 7 août 1707, s'y maria le 19 juin 1724 au Sieur Jean Coué,
de Saint-Jacut, où il habitait dans sa propriété de la Tremblay, à 600 mètres du bourg.
Il mourut chez sa belle-mère à la Garenne le 31 octobre 1752, âge de 55 ans.
Après la mort de son mari, Jeanne revint à la Tremblay ou elle mourut en 1773.
De ce mariage naquirent deux enfants : Jean-Baptiste qui étudia le droit, devint avocat,
épousa Marie-Thérèse Bourgerel, Dame de Kermasson, et, six ans après la mort de celle-ci,
se remaria à Marie-Anne Menaud de Lorgeray, en juin 1763, à Peillac;
Jean-Joseph, également avocat, épousa Marie-Anne Guyomard de Sérent, dont il eut deux enfants;
Jean-Joseph et Marie-Thérèse. Cette dernière se maria en 1774 à Maître Jacques Loyer
et vint habiter avec lui au manoir de Pinieux, dont il était le régisseur.
Malmené pour ses idées révolutionnaires, il quitta le pays et mourut ignoré.

2° JEAN-JOSEPH, baptisé à Limerzel le 21 février 1711, il entra au Séminaire de Vannes en 1732.
Ordonné prêtre, il revint dans sa famille, fut nommé sous-curé(vicaire)
de Limerzel dont il tint les registres, et demeura dans le bourg,
II fut parrain de son jeune frère Hyacinthe, bénit le mariage de sa sœur Guillemette
et fut l'un des signataires de l'acte de décès de sa mère.
Il mourut peu après hors de Limerzel.

3° ARMAND, né le 20 juillet 1715, mourut enfant.
Il avait comme parrain Gilles de Carné, de Bléhéban.

4° GUILLEMETTE, baptisée le 22 septembre 1717, épousa à Limerzel
le 23 février 1745 Joseph Gratien, sieur de Kerguillay, avocat et sénéchal à Péaule,
dont elle eut trois filles; Jeanne-Baptiste, Euphroisine et Jeanne-Charlotte
qui se maria en juillet 1773 à Joseph Rado du Matz, de Piriac.

5° MARIE fut baptisée le 5 janvier 1720 et mourut âgée de 32 ans à Malestroit,
au monastère des Ursulines où elle était entrée en religion sous le nom
de Sœur Saint-Charles, nom qu'elle avait pris à sa profession religieuse en 1745.

6° JOSEPH, baptisé le 10 février 1722, épousa à Malansac Marie-Anne Lechesne
et alla habiter la propriété familiale de la Ville-Auray. Il eut cinq enfants :
quatre filles et un garçon, Pierre-Joseph qui devînt notaire et procureur du comté de Rochefort,
et se maria en novembre 1771 à Renée Simon de Kérariette, de Vannes.

7° HYACINTHE eut pour parrain, le 15 avril 1724, son frère Jean-Joseph
et, comme lui, il entra au séminaire de Vannes en février 1747. Devenu prêtre,
il revint lui aussi dans sa famille, assurant le service religieux de la frairie de Crévéac.
Il signa cependant quelquefois les registres de la paroisse,
par exemple au mariage de sa sœur Guillemette et au décès de sa mère.
Il devint curateur dans la tutelle des enfants mineurs de son frère Joseph en 1761,
et mourut à la Garenne dix ans après sa mère, le 6 novembre 1780.

8° PIERRE, le dernier des enfants de la Grignonne, né comme les autres à la Garenne,
fut baptisé à Limerzel le 14 février 1726. Sa mère l'envoya étudier la médecine
à la faculté de Montpellier. A son retour, il s'installa comme médecin à Vannes
où il épousa, l'année suivante à la cathédrale, Jeanne Alba, née en 1731 à Pléné,
et dont il eut sept enfants; Louise, Jean, Marie-Joseph, Marie-Louise,
une autre fille morte jeune, et Pierre.
A la mort de sa mère, il hérita de la propriété de la Garenne,
et, comme chaque année il y venait passer les vacances avec ses enfants,
il était très connu à Limerzel. Médecin de l'évêché, il rédigea en 1779,
à la demande de Mgr Arnelot, des instructions pour combattre l'épidémie de dysenterie
qui sévissait à ce moment là : elles furent imprimées à la suite d'un mandement
qui fut envoyé dans toutes les paroisses du diocèse le 15 septembre 1779.
Il habitait alors rue Saint-Guénahel et faisait partie des notables de la ville.
Tout allait bien pour lui et pour les siens. Son fils Joseph devint prêtre le 2 Juin 1787.
Mais, deux ans plus tard, c'était la Révolution, et avec elle les ennuis et les malheurs.
Acquis aux idées de 1789, le médecin Pierre Grignon est d'abord élu membre du district,
puis installé comme président du district par Prieur de la Marne lui-même;
enfin, en 179S, il est nommé maire de Vannes par le représentant du peuple Tréhouard.
Mais, s'il a bien un fils, Jean, dans l'armée des « bleus »,
il en a un autre, Pierre, qui est « chef de chouans ».
Alors, il est destitué de ses fonctions et incarcéré au Petit-Couvent
où il reste enfermé pratiquement deux ans, malgré une longue lettre de « civisme »
et de protestation qu'il écrit lui-même au Comité de surveillance pour se justifier,
le 28 Prairial de l'an II (16 juin 1794) il est enfin libéré début 1795,
mais cette longue détention qu'il subit est fatale à sa santé,
et il meurt peu de temps après avoir recouvré la liberté.
Son acte de décès se trouve à l'état civil de Vannes à la date du 9 avril 1795 :
« Décès de Pierre GRIGNON, médecin originaire de Limerzel, âgé de 69 ans,
fils de Joseph Grignon et de Jeanne Goupil »;
par testament, il laissait la Garenne à son fis Pierre. Sa femme, Jeanne Alba,
mourut deux ans plus lard à l'âge de 66 ans.
Leur fils prêtre, Joseph, fit partie du clergé de la cathédrale et fut chargé des catéchismes.
Insermenté, il connut l'incarcération peu après la mort de son père, mais il fut élargi en 1797.
En 1803, il fut nommé vicaire général et le resta jusqu'à sa mort, le 21 juillet 1810;
il n'avait pas encore 47 ans. Lorsqu'il venait à la Garenne chez son frère,
il célébrait la messe à Saint-Clair : il fît à cette chapelle cadeau d'ornements
qui servirent très longtemps pour les rogations.
Quant à Jean, il était inscrit comme avocat au barreau de Vannes en 1789
et partageait les idées de son père. Nommé secrétaire de la « Fédération de Vannes
pour le triomphe des réformes >>, on le voit bientôt dans l'armée
comme chef de bataillon des volontaires du Morbihan.
Après de longues démarches, il finit par obtenir que son bataillon fût envoyé aux Antilles;
en février 1794, il était promu au grade de lieutenant-colonel.
L'année suivante, le 10 février, il était grièvement blessé dans une rencontre,
et fin février il mourait au Cap-Haïtien.
Pierre, le « chef de chouans », fut arrêté sur dénonciation en sa propriété de Villeneuve,
près de l'Angle, en Rieux, le 7 Juin 1796. Emprisonné à La Roche-Sauveur (La Roche-Bernard),
il y fut jugé et exécuté le 17 Juin suivant dans le pré de la Pierre-Blanche,
et inhumé le même jour à Férel. Quelques années plus tard,
les chouans firent disparaître à leur tour Thomas Thibaud
qui sollicita avec une particulière vigueur la condamnation de Pierre Grignon.








Les Textes sont extraits de "Notes d'Histoire Locale" rassemblées par l'abbé NIZAN, recteur,
avec la collaboration de l'abbé HUCHON, Vicaire.

Le marché aux châtaignes

Tous les mardis après-midi, de la mi-octobre à la mi-novembre,
se déroule sur la place, devant l'église,
un marché aux châtaignes qui ne manque pas de pittoresque,
même si les charrettes ont été remplacées par les tracteurs.
Les acheteurs viennent des départements voisins et, bien entendu, du Morbihan.
Un négociant de Quimper nous a déclaré que pour lui les meilleures châtaignes
de toute la région étaient celles de Limerzel, Péaule et Peillac.
Chaque année, il vient à Limerzel faire son ravitaillement pour la saison,
et ses clients s'en trouvent très satisfaits.

Le marché est assez curieux.
La marchandise est exposée en sacs gueules ouvertes autour des remorques.
Vendeurs et acheteurs s'observent un moment. On parle même très peu.
Puis soudain le prix est fait et, en l'espace de quelques minutes,
toute la marchandise est vendue. C'est l'affairement ;
les sacs des vendeurs se vident dans ceux des grossistes
dont les camions prennent aussitôt la route.

Autrefois, les transactions étaient plus longues et, nous ont dit les anciens,
se terminaient parfois "aux chandelles".

Si le marché est moins fourni aujourd'hui - beaucoup de châtaigneraies ayant disparu
- il n'en demeure pas moins que les châtaignes de Limerzel,
vendues sous le label « châtaignes du pays de Redon » sont toujours aussi recherchées.

A la fin d'octobre, un dimanche après-midi, se déroule la «fête de la châtaigne»
D'immenses « cages à écureuils », chargées de 20 kg de châtaignes,
tournent au-dessus de feux de bois. Sur des lits d'aiguilles de pins,
à même le sol, noircissent et grillent des châtaignes,
les plus appréciées des gourmets... Naturellement, si le cornet de châtaignes se vend bien,
il s'accompagne d'un verre de cidre doux !r>